ECHOS AUTRE VIE

  • Accueil
  • Echos Autre Vie
  • Journée de l'Enfant Africain : État des lieux et perspectives dans la promotion et la protection des droits des enfants au Bénin

 

Interview accordé à la presse béninoise par Mr Romuald DJIVOESSOUN, Président du Comité de Liaison des Organisations Sociales de Défense des Droits de l'Enfant au Bénin, et Directeur Exécutif de l'ONG AUTRE VIE.

- JOURNALISTE :

Le Bénin à l'instar de la communauté internationale a célébré le 16 Juin, la 31 ème journée de l'enfant africain. Le bien-être des enfants africains était au coeur de cette célébration, ce qui n'est rien d'autre qu'un volet de vos actions auprès de la population béninoise. Alors dites nous:

1- Que comprendre de cette journée ?

- Romuald DJIVOESSOUN :

Je voudrais vous remercier pour l'intérêt porté sur ce sujet qui nous interpelle tous !

Quand on parle de la journée de l'enfant africain, nous devons retenir qu'à un moment donné, il y a eu des enfants africains qui ont vu leur droit méprisé, leur droit à l'éducation refusé, et ceci nous remonte en 1976, où plusieurs enfants africains perissaient sous le poids de l'apartheid en Afrique du Sud, et plus précisément à Sowéto.

Alors, c'est au regard de tous ces mépris que l'Union Africaine à décidé de consacrer un journée pour réfléchir aux questions qui touchent l'enfant africain.

- JOURNALISTE :

2 - Que revêt donc cette célébration de la Journée de l'Enfant Africain en Afrique, et au Bénin en particulier ?

- Romuald DJIVOESSOUN :

C'est d'abord une journée de bilan, une journée de réflexion, une journée pour faire un état des lieux, et se demander :

- Est-ce que réellement les droits et préoccupations de l'enfant africain en général, et de l'enfant béninois en particulier, sont pris en compte dans les questions et projets de développement, dans les questions qui touchent notre quotidien ?

- Est-ce que les enfants africains sont toujours victimes de violences ?

- Se voient-ils toujours refusés leur droit à une identité, à l'éducation, à la protection sociale, ... ?

Ce sont autant de préoccupations qui, normalement, doivent intéresser tous les citoyens africains, pour ne pas dire, tous les citoyens béninois. Cette journée doit être celle de réflexion qui doit nous amener à trouver des solutions, mais des solutions durables à toutes ces préoccupations évoquées.

- JOURNALISTE :

3 - Cette journée est consacrée depuis 1990 ; 31 ans après, quel état des lieux pouvons-nous présenter du Bénin, dans la promotion et la protection des droits de l'enfant ???

- Romuald DJIVOESSOUN :

Parlant de bilan, nous pouvons dire qu'au Bénin, il y a eu des avancées notables sur le plan de protection du doit de l'enfant. N'oubliez pas que notre pays a ratifié un certain nombre de conventions, et le Bénin dispose d'un code qui protège les enfants, le Code de Protection des Droits de l'Enfant ; il y a également le "Code des Personnes et de la Famille", sans oublier le mécanisme de protection des droits humains dont les droits catégoriels liés aux droits de l'enfant sont pris en compte.

Je dirai que le Bénin a fait des avancées notables et que c'est le moment de féliciter nos dirigeants, mais comme l'a dit l'autre, tant qu'il reste à faire, rien n'est encore fait.

Tout simplement parce qu'au moment où nous sommes, nous avons encore des enfants béninois qui, au lieu d'être à l'école, sont, soit encore à la maison, soit dans les travaux champêtres, soit croupissent dans les ateliers, soit en train de casser des pierres, soit en train de travailler sur les sites d'extraction de sable marin ou fluvial, ...

Et tout ceci constitue des préoccupations qui nous interpellent en tant que défenseur des droits de l'enfant, et c'est en cela que nous voudrions demander à tous les défenseurs des droits de l'enfant que nous devons vraiment renforcer nos stratégies d'intervention, notre approche d'intervention et travailler en symbiose et synergie avec l'État Central pour que les réponses que nous appliquons soient des réponses durables et pérennes, avec un bon mécanisme de transfert de compétences. Et ce transfert de compétences passe nécessairement par l'implication des dynamiques au niveau communautaire, pour que ces dynamiques soient désormais des messagers, des ambassadeurs de la cause, pour rendre plus durable l'impact des interventions afin que les questions qui touchent les droits de l'enfant soient d'abord une préoccupation Communautaire, des familles, des ménages, des collectivités locales ; c'est à ce seul prix que nous pouvons dire réellement que nous somme en train de mener un combat, mais un combat qui a de l'avenir. Ce combat ne peut se gagner dans un vase clos, mais plutôt dans une approche qui prend en compte nécessairement les réalités communautaires et les dynamiques en place.

Alors ça fait partie des défis que nous devons relever en tant que défenseur des droits de l'enfant.

- JOURNALISTE :

4 - Le Bénin est-il toujours en proie aux pratiques de violences sur les enfants ?

- Romuald DJIVOESSOUN :

Bien vrai qu'aujourd'hui, il existe encore des pratiques qui sont têtues et que nous déplorons tous, notamment le phénomène de mariage des enfants qui n'honore pas notre pays, et je sais que l'État en est conscient et travaille, les ONG travaillent, les Partenaires Techniques et Financiers aussi travaillent, et je pense qu'un effort est en train d'être fait par rapport au phénomène de mariage des enfants. Et c'est ensemble nous allons relever ce défi.

N'oublions pas les pratiques comme le phénomène de l'infanticide rituelle qui court encore dans certaines de nos communautés, et en tant que défenseur des droits de l'enfant, nous devons forcément redoubler d'efforts, et nous comptons vraiment sur notre Etat pour vraiment relever tous ces défis.

- JOURNALISTE :

5 - Quelles sont les actions et perspectives de l'ONG AUTRE VIE dans la promotion des droits et la protection, pour un avenir radieux des enfants béninois dans un monde en perpétuelle évolution ?

- Romuald DJIVOESSOUN :

Au niveau de l'ONG AUTRE VIE, il faut reconnaître, depuis 1996 que nous existons, nous avons donné tout notre engagement pour le droit de l'enfant, notre combat pendant tout le temps, c'est le combat pour que l'enfant béninois retrouve et jouisse totalement de ses droits, et nous continuons dans ce combat.

Aujourd'hui, AUTRE VIE a contribué à renforcer les capacités des acteurs de protection des enfants, à créer un environnement favorable à la protection des droits de l'enfant, contribuer à vraiment préparer les ménages à reconnaître et à accepter les droits de l'enfant, à ce que l'école soit une priorité dans les familles, à prioriser les besoins des enfants dans leurs préoccupations, la prise en compte des préoccupations et besoins des enfants dans les planifications de gouvernance locale,... C'est notre quotidien et c'est le moment de remercier tous ses acteurs qui nous facilitent cette mission.

25 ans de combat pour la protection des droits de l'enfant, ce n'est pas petit, mais je pense que tant qu'il reste à faire, rien n'est fait, c'est le moment de féliciter les dirigeants de ce pays, pour leur vision éclairée par rapport aux questions qui touchent l'avenir de notre nation, car tout ce qui touche les droits de l'enfant, touche l'avenir du Bénin, et je pense que les autorités en sont conscientes et y travaillent jour et nuit.

Nous, nous sommes à la porte de non retour, nous sommes engagés pour accompagner le Gouvernement à relever tous ces défis.

Bonne fête à tous les enfants du Bénin.

 

ONG Autre Vie, en quelques traits

Contribuer aux objectifs de développement local, national, régional et international qui aident les filles, les femmes, les enfants, les adolescents et les jeunes à s’épanouir, à gagner leur vie, leur droit, leur indépendance et le respect dans un environnement développé et sécurisé.

Nous connaitre
Contribuer à la réalisation de la tâche en nous soutenant à travers vos dons